”Nous utilisons déjà des logiciels qui permettent de contrôler l’accès aux contenus”

Pubblicato su Le Monde Interactif mercoledì 4 dicembre 2002

Stéphane Martinez, 33 ans, est l’un des créateurs de la salle d’Armageddon, la plus ancienne et la plus grande salle de jeux en réseau de Paris. Il demande la reconnaissance de son activité par les pouvoirs publics et les éditeurs de logiciels de loisirs.


Vous êtes l’un des créateurs d’Armageddon, la plus ancienne salle de jeux en réseau de Paris. Pourquoi demandez la reconnaissance de votre activité par les pouvoirs publics et les éditeurs ?

Pour nous, le problème vient de la méconnaissance de notre métier par les pouvoirs publics et les éditeurs. Ils sont devant un type d’activité créé il y a environ 6 ans : les cybercafés, les salles de jeu en réseau, ce que certains appellent des lieux de vie. Le public vient dans ces espaces pour se distraire, pour acquérir des compétences aussi. Il faut se demander pourquoi cette activité s’est développée en France ? Tout simplement parce que nous sommes l’un des pays les plus en retard pour l’accès à Internet. Nous compensons ce retard en donnant accès au Net à quelque 100 000 visiteurs par jour, dans plus de 800 salles qui disposent de 15 000 machines. Ces salles on permis la création de 3 à 4000 emplois pour une population jeune, de 18 à 30 ans, la plupart sans diplômes.

Dans les salles de jeux en réseau, le public peut utiliser des logiciels “violents”, qui peuvent être visés par les propositions de loi visant à restreindre l’accès aux jeux vidéos. En quelle mesure votre activité est-elle menacée par ces propositions de loi ?

La violence dans les jeux est un problème réel. Mais il y a aussi un assimilation entre la violence dans les jeux sur consoles et les jeux sur PC. Il est sûrement plus dangereux de laisser joueur un enfant seul sur un console dans sa chambre que de le laisser jouer avec d’autres enfants, en équipe, comme on pouvait jouer au gendarmes et aux voleurs, dans un lieu ouvert, avec un encadrement, où il est interdit de fumer et de vendre des boissons alcoolisées.
Pour ce qui est de la violence, nous utilisons déjà des logiciels qui permettent de contrôler l’accès aux contenus, en fonction de l’âge des joueurs. Pour nous, il est clair qu’un jeu comme Counter-Strike n’est pas violent, c’est un jeu qui se pratique en équipes, ce n’est pas un jeu sur console. Les jeunes viennent chez nous entre 12 heures et 14 heures, le soir, ce sont de jeunes adultes.

Vous vous plaignez aussi de la concurrence sauvage que vous font les espaces publics numériques. Comment s’exerce-t-elle ?

En plus de ne pas être aidée, cette profession est concurrencée par l’Etat qui a mis en place des espaces publics numériques. Ces établissements sont destinés à donner accès à Internet, mais, de plus en plus, en province, ils concurrencent les salles de jeux, à des prix défiant toute concurrence. Leurs statuts leurs interdisent pourtant de concurrencer une activité professionnelle. C’est, pour nous, le signe que les pouvoirs publics nous ignorent, au lieu de nous aider à la développer. La profession a commencé à se regrouper dans une Association des salles de jeux en réseau, qui n’est reconnue que par 10% des salles.
Ce n’est pas une activité rentable : elle est financée par des emprunts personnels. Les salles ont des problèmes de tranche horaires : elles voudraient embaucher des jeunes, mais la nouvelle législation pour les contrats jeunes suppose que ces jeunes aient au minimum le baccalauréat, alors que nous employons généralement des jeunes sans diplôme. Notre public, ce sont des jeunes qui n’ont pas les moyens d’avoir un ordinateur, ce sont plutôt les exclus du numérique. Grâce aux salles de jeux, ils peuvent, pour 2,50 euros, accéder au Net, au numérique, alors qu’ils n’avaient jamais touché d’ordinateur auparavant.

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Pubblicato su mercoledì 4 dicembre 2002

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